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"TRAVERSER MA TRAGEDIE", livre de Tabita Nouchet Soho

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La jeune auteure a présenté, vendredi dernier à Yaoundé, son tout premier livre intitulé « Traverser ma tragédie ».

Dédicace pleine d'émotion vendredi 29 octobre dernier au Central hôtel de Yaoundé. «Traverser ma tragédie», un livre de Tabita Nouchet-Soho, une camerounaise résidant en France, a été présenté au public.TRAVERSER MA TRAGEDIE,Tabita Nouchet Soho

Il s'agit d'un roman-témoignage qui raconte la tragique histoire d'un jeune Camerounais de 18 ans décédé dans des circonstances dramatiques à Avignon, dans le sud de la France. C'est en effet un beau jour d'été, le 2 juillet exactement, que la vie de Tabita Nouchet-Soho a basculé. Ce jour-là, Octave Matat, son fils, un adolescent plein de vie, était allé pique-niquer avec des amis au bord d'un lac, quand l'un d'eux l'a poussé dans l'eau. Or, il ne savait pas nager. Octave meurt des suites de noyade. Sa famille apprendra sa réussite au baccalauréat en mécanique le jour de son enterrement.

Aujourd'hui, Tabita Nouchet-Soho et Octave communiquent par télépathie. Ce qui a surpris plus d'une personne venue assister à la cérémonie de dédicace vendredi dernier. «Comment peut-elle parler aux morts sans pour autant que cela soit de la sorcellerie? », pouvait-on entendre ça et là.

François Bingono Bingono, le coordonnateur de la cérémonie de dédicace, lui, a rétorqué que chez nous, «les morts ne sont pas morts».

L'auteure a ajouté que son «livre n'est pas une oeuvre littéraire». Pour elle, il s'agit plutôt d 'un ouvrage pour sensibiliser les jeunes sur les comportements à risques . Aussi, pour accompagner cette ?uvre de sensibilisation, des parents, et même des jeunes, ont acheté quelques exemplaires de ce livre vendu à 10 000 Fcfa. Tout au long de la présentation du roman, le public a été marqué par la bonne humeur communicative et l'optimisme dont l'écrivaine a fait preuve.
Grâce à l'association  Les petits d'Octave» qu'elle a créée à Avignon pour venir en aide aux orphelins et  sensibiliser les jeunes sur les comportements à risques, Tabita Nouchet-Soho va ouvrir un orphelinat dans la Mefou et Akono. «C'était le rêve de mon fils», a-t-elle confié, le sourire aux lèvres.

Elsa Kane

http://www.quotidienlejour.com/index.php?option=com_content&view=article&id=4271:dedicace--tabita-nouchet-soho-parle-aux-defunts&catid=51:arts-spectacles-et-medias&Itemid=168

"Traverser ma tragédie", livre de Tabita Nouchet Soho, Association Les Petits D'octave, Neuf Peyres, 8, rue Elie de Talleyrand, 84000 Avignon France.

Il y a quelques jours,
J'étais encore là
J'avais 18 ou 19 ans peu importe.
Je jouais, rigolais et chantais pour vous.
J'avais des ambitions comme vous tous.
Ma devise était :
La Famille, les Ami(es), la Musique, bref la vie.
Les mots clés de mon vocabulaire :
Vivre, Chanter, Fêter, Réussir, Projets et Joie.

Un après midi du  2 juillet 2009, à cause de la bêtise d'un copain, tout a basculé dans le sens contraire.
Je ne suis plus là
Les ambitions n'existent plus
Le vocabulaire actuel.
Vivre a cédé place à mourir
Chanter a cédé  place à pleurer
Réussir a cédé place à échouer
Joie a cédé  place à tristesse.
Juste pour vous rappeler combien la vie est un cadeau offert très fragile donc il faut en prendre soin en la conservant jalousement tout en faisant attention à soi même et aux autres.
Mieux vaut réfléchir avant d'agir, qu'agir avant de réfléchir.
Peu importe que ce soit Octave c'est du passé. Éviter que ce soit Jean, Aline, Hugues ou autre demain.

PROLOGUE

Octave, je me permets d'employer ce prénom aujourd'hui, car celui qui est  le mien donc j'ai toujours employé est  Elphège. Mais toi depuis ta puberté, tu as jugé que ce prénom  était trop féminin, tu préférais le second Octave et  pour cela, toutes tes relations à part la famille t'appelaient ainsi.
Respectant ta volonté, j'essaierai  d'en faire usage  pour t'écrire ces quelques lignes. Avec espoir que, ne pouvant plus entrer en communication verbale avec toi, tu pourras s'il est vrai que tu es à mes côtés, me lire , et si possible, me corriger quand tu jugeras nécessaire.

Je ne saurais jamais, si c'est avant ou ce fameux jour du 2 juillet que tu m'as quitté.
Toujours est-il que ce jour, jusqu'à 13h30 nous étions encore ensemble, rigolant, faisant des projets. Pendant que tu cuisinais pour tes copains  qui comme d'habitude attendaient au salon en jouant à la PS3.
Tu étais très content d'aller à ce pique-nique.
Alors comment soupçonner que ce bonheur que ton visage reflétait en ce moment voilait un énorme chagrin qui me rongera le restant de ma vie.

Il est 18h05  mon téléphone sonne! Je suis au volant, je ne décroche pas. Quand je m'arrête, j'ai un message que je juge nécessaire d'écouter plus-tard.

Juste quelques secondes, une nouvelle sonnerie.
À ma grande supprime c'est la Gendarmerie. On me demande, si toi Octave tu es mon fils...l'étonnement est  grand! D'autant plus que tu n'es pas le gars des embrouilles. Jamais à faire aux forces de l'ordre. Néanmoins, il faut que je m'y rende rapidement munie de tes pièces officielles.
Habitée  subitement par une vague d'inquiétude, je me fais accompagner par une relation.
Arrivée à Remoulins, j'entre... Je ne sais si c'est fait express, je trouve tous tes copains assis. Au milieu d'eux, une place vide.
Ma première réaction est de poser ces questions:
-Pourquoi cette chaise vide? Où est Octave? Au vu de leurs regards, j'ai compris que tu n'es plus parmi eux.
J'ai perdu tout contrôle ayant  ta sœur entre les mains ... Non! Incroyable mais vraie! Les choses qui arrivent aux autres commençaient à m'arriver

Jamais je ne saurais expliquer comment j'ai fait pour rentrer sur Avignon.
Mais déjà avec un instinct de mère, selon ton caractère et les déclarations de tes copains, je ressentais que ce détail reçu n'était pas net. 
Je suis allée jusqu'à m'agenouiller devant ces derniers pour mendier la vérité.
Ils ne pouvaient pas me dire que toi qui n'aimais pas aller à l'eau, toi qui étais si joyeux, toi qui comme tout jeune de ton âge  avais des ambitions, qui chantais à longueur de journée, qui voyais la beauté en tout pouvais se jeter à l'eau... Non! Cela n'était pas possible. Car tu avais une peur bleue de l'eau, nous le savions tous. Et l'amour que

tu avais pour ta sœur, les projets que tu nourrissais pour elle, tu ne pouvais prendre ce risque.
Cette nuit fût une vraie séance de torture. Jamais auparavant mon corps ne m'avait autant désobéit.
Nonobstant, le matin du 3 juillet, je pensais en descendant les marches des escaliers, te trouver face a l'ordinateur comme d'habitude, Toi si matinal. Ce fût une grosse illusion!
M'ayant été interdit de te voir la veille. paraît-il la décision émanait du Procureur de Nîmes, ordonnant de faire une Autopsie. L'unique coup de fil de ce jour me permettait enfin de te voir.
Munie d'une crainte croissante, J'ai repris le chemin de Remoulins, accompagné de ton frère, ta tata et  ton ami Steph.
Lorsque je t'ai vu dans cette salle appelée Morgue, avec tes boucles d'oreille, tout naturel comme si tu dormais et allais bientôt te réveiller.
J'ai ôté ce drap qui te couvrait, examiné,  tout semblait  dans les normes(rire). J'ai eu l'impression que tu dormais!
J'ai même poussé plus loin  te demandant d'arrêter de me jouer cette farce.

A coté de cette douleur étrangère, s'imposait un marathon pour organiser tes obsèques.   .
Du coup j'ai commencé à m'imprégner des obstacles dressés sur le chemin d'un décès.
En dépit des soins qu'exigeait cette douleur , il m'a en plus  fallu user d'une impressionnante lucidité qui m'a permis de transférer ton corps sur Avignon au prix des nombreux efforts.

Malgré ce déni, au fond de moi,  Ne te voyant  pas rentrer comme d'habitude, tu ne couchais jamais dehors. Tes sorties étant rares, si oui, avec ta sœur ou pour aller en cours. Cette réalité cruelle prenait peu à peu naissance.
La conclusion du tribunal de Nîmes, tu t'es jeté a l'eau, à côté de cette dernière, la contestation du gardien du site: Lui pense plutôt que tu as glissé, quelqu'un qui ne sait pas nager n'ira pas se jeter à l'eau.

Mes journées commencent à être pleines de souffrance... Chaque jour qui naît me conduit vers un sentier rocailleux et hostile.
Le fait de venir te rendre visite tous les jours a la morgue, me permet de découvrir  la mort. Elle devient une compagne acceptée, du moins je le pense.
Alors un autre espoir aussi maigre qu'il soit naît en moi: Je me dis, bientôt on me donnera ce corps qui ne bouge plus, je rentrerai avec et il deviendra entièrement le mien. Je le garderai dans ma chambre jusqu'au dernier jour...Ah que c'est fou!(rire) 
M'efforçant à respecter les délais, deux jours avant ton enterrement miracle!
Un témoin qui était sur les lieux surgit je ne sais comment! Et, raconte tout ce qui s'est réellement  Passé.
Mon imagination devient féconde.
Au désarroi de l'absence, s'ajoute cette trahison.
Tes amis que tu aimais tant, qui savaient que tu ne sais pas nager, t'ont poussé à l'eau pourtant  ils savaient nager et ne t'ont pas secouru,  tout en te laissant  couler comme...Le mot jusqu'à ce jour me manque.
Je crois que de toute ma souffrance, ce jour ou ces

derniers sont passés aux aveux, reste le plus pénible.
En moi la haine et la douleur se sont conjuguées. Pas possible! En plus, ils me demandent de leur pardonner, mais de quoi? Se rendent-ils seulement compte du fait qu'ils ont amputé une partie de moi?
Toi qu'une fois de plus, leur as fait à manger, porté dans la glacière bleue jusqu'au pond du Gard leur servir. Comme remerciement, ils t'ont ôté la vie sans remord.
Pour meubler mon cœur, je fais des efforts pour comprendre que c'était un accident. Mais leur comportement du départ étant contraire à la moralité ne facilite pas cet aspect.
S’ils me l'avaient dit d'eux même, peut-être malgré le coup, j'aurais essayé d'apprivoiser les secousses de l'épreuve.

Ce fameux témoin, venant élucider cette énigme ignorait surement qu'il ouvrait la porte du labyrinthe qui est ce procès qui commence.
Après la révélation de cette vérité, restait à faire face à cet orage: 
le jour fatidique de notre séparation définitive  auquel je continue à me souvenir avec tremblement.
Contre vents et marrées, il a fini par arriver.
Ce donc je me rappelle avec précision, c'est ce chapelet que je t'ai porté en arrivant à la morgue. La suite, je le verrais plus tard par vidéo. Paraît-il, j'avais perdu connaissance te voyant dans cette grosse valise appelée Cercueil.
Mon physique par le concours de nombreuses personnes, a néanmoins réussi à  trainer jusqu'à l'église. Où j'ai passé le temps à astiquer ton cercueil. C'est fou

(rire) pourtant il rentrait dans la terre.

Repartir de ce cimetière avec ton absence m'a plongé dans un désespoir indescriptible.
Même si mon cœur présente une défaillance, je fais confiance à la force de mon esprit pour me conduire jusqu'au bout.
Les choses devenant contraire à la nature, les évènements se succèdent. Du retour de l'enterrement, par maladresse, j’ouvre la boite aux lettres. Qu'est-ce que je trouve? Ton attestation de réussite à l'examen! Pas possible (rire), le ridicule rejoignait la peine.
Comment qualifier ceci?  Que représente ce papier? Une insulte à mes efforts?
Si j'avais eu la présence d'esprit ce matin de contrôler le courrier, je t'aurais enterré avec? Et maintenant où le caser pour qu'il ne devienne pas une douleur de plus?
Ce diplôme tu me l'avais promis!...était-en  souvenir? Non...Jamais je ne l'aurais accepté.
Exerceras-tu le métier là-bas? S'il te plaît réponds-moi, même en songe, mon crane bouillonne d'incompréhension.
Aujourd'hui, tu es parti, certes! Mais le plus difficile c'est d'apprendre à vivre sans toi. Parviendrais-je un jour? Comment ferais-je pour vivre sans tes rires, tes chansons, ta joie de vivre, ta positivité, tes encouragements?
Il y a un an à la mort de ton papa, tu m'as remonté le moral, maintenant que c'est toi qui part, qui le fera? Ta sœur ne cesse de te chercher. à deux ans, elle ne comprend pas grande chose, surtout quand c'est à répétition. Peux-tu venir la calmer? 

Nous avons fait les dernières soldes ensemble, tu n'as même pas jouis de tes tenues, toi le beau gosse comme d'aucuns t’appelaient (rire). Jamais, on ne t'aurait confondu avec le vulgaire. Tout concourait à ton appréciation. Ce teint frais sous ta chevelure noir toujours coupée à ras. Ta physionomie qui témoignait une personnalité sensible et foncièrement bonne. Tes lèvres charnues  sous lesquelles se cachait une voix suave, abordaient un sourire à toute rencontre. Tes yeux d'un noir d'ébène présentant souvent des lueurs de gaieté et de bienveillance que des éclats de colère. Oh! tu étais d'une élégance dissimulé sous des traits fins hérités de ta grand-mère. Le snobisme ne faisait aucunement partie de tes comportements,  traitant  tout le monde avec la même courtoisie. Ce charme et cette bonne humeur t'octroyaient l'attention et la sympathie de tous. 

En dépit de cette douleur qui me tiraille, j'éprouve tant de fierté pour toi.
paraît-il que c'est après sa mort que l'on confirme son vécu. Rien qu’à voir, vivre, écouter : Cette foule! Cette participation! Ces témoignages! Qui t'ont accompagné, tu étais vraiment un gars bien pour tous...
Cette après midi, une marche est d'ailleurs organisée à ton honneur. Je pense que tu y seras et aideras à porter ton portrait.
Tes photos sont exposées dans les chambres de plusieurs personnes!

Une petite connerie (rire)!...Plusieurs fois je me suis moquée de toi sur ces termes:

-Pourquoi ne te trouves-tu pas une copine vu le nombre de filles qui t'entoure?
L'union sexuelle ne te paraissant pas encore nécessaire, tu répondais en riant; 
-Arrêtes, je découvrirais le plaisir réel avec la fille que je vais épouser.
Oh! À dire que tu es parti avec tout ça? C'est fou! Quel gâchis! Tu m'aurais laissé au moins un petit (rire) . Quelle promesse de vie non remplie!
Pour une fois, cette vie a usé de ce qu'elle a de plus injuste...

TRAVERSER MA TRAGEDIE, OCTAVE M, de Tabita Nouchet-Soho ISBN 978-2-7466-2005-6